J’aime ces moments où au cours d’une conversation, le thème d’un article s’impose à moi : une maman ne pleure pas. Il y a deux semaines, ma famille et moi avons été frappé par le cycle de la vie. Mon grand-père nous a quitté. Oui il était malade mais la maladie n’est pas en cause. Son heure avait sonné, Dieu l’a rappelé auprès de lui. Quelques minutes avant que ma mère ne m’annonce la nouvelle de son décès, j’étais en ligne avec ma tante. Elle m’informait que mon grand-père était en route pour les urgences à cause d’une crise d’asthme. Alors quand ma mère m’a appelé, j’ai cru que c’est ce qu’elle voulait me dire. Je n’y croyais pas, je n’en revenais pas. Je me suis dit qu’on se précipitait et qu’il allait se réveiller. Ce n’est jamais arrivé.
Si je savais …
Lorsqu’on apprend le décès d’un être cher, il y a toujours un sentiment de culpabilité, un sentiment d’inaccomplissement. On se dit qu’on n’a pas été assez présent, qu’on n’en a pas fait assez, qu’on ne s’est pas assez donné. C’est peut être vrai, mais à quoi bon se torturer avec ces pensées ? Il vaut mieux se servir de ce sentiment pour faire de meilleurs choix avec ceux qui sont encore là. Vous remarquerez d’ailleurs que suite à des décès, il y a souvent des remises en question et une grande envie de faire différemment. Mais cet élan ne dure souvent qu’un temps. Je vous encourage à noter quelque part ce que vous souhaitez faire différemment et à relire vos notes de temps en temps.
Quand une nouvelle aussi dure te tombe dessus, tu ne peux pas garder tout pour toi. Du moins, je ne peux pas garder ce que je ressens pour moi. J’ai besoin d’évacuer, d’avoir un vis-à-vis. Je n’étais pas en colère, j’étais juste déboussolée et très attristée. Je sais qu’on est tous appelé à quitter ce monde. Personne ne sait ni l’heure, ni le jour, mais on sait tous qu’on y échappera pas. J’étais triste parce que mon dernier grand-parent nous a quitté, parce qu’un membre de ma famille à rendu l’âme; mais aussi parce qu’il n’aura pas vu ma fille de son vivant. Quand Gabrielle est née, il m’a fait la promesse de ne pas s’en aller avant de l’avoir “vu”, avant de pouvoir la connaître. Je lui ai fais promettre qu’on se verrait une dernière fois avant qu’il ne s’en aille. Ne vous y trompez pas, je sais bien que nous ne décidons en rien du jour où nous quittons la terre. Mais j’espérais que cette promesse puisse prendre vie.
Pleure ça fait du bien
Je disais plus haut que j’avais besoin de parler de la situation à quelqu’un. Qui mieux que quelqu’un qui vit la même chose que moi pour me comprendre ? J’ai appelé une de mes tantes mais j’ai senti que c’était beaucoup trop dure pour lui parler. J’ai donc contacté quelqu’un de complètement extérieur, une amie. On ne sait jamais quoi dire quand on est face à quelqu’un qui vit une perte, alors mon amie a essayé de me consoler comme elle pouvait. Je l’écoutait à moitié, j’avais juste envie d’être seule en fait. Mais elle a dit quelque chose qui m’a vraiment perturbé. “Je sais que c’est dure mais arrête de pleurer, Gabrielle va te voir pleurer et ce n’est pas bien”.
Petit aparté : je sais que tu vas lire cet article, sache que je ne t’en veux pas. Je connais tes intentions et je connais ton cœur. Je sais donc que tu m’as parlé avec beaucoup d’amour et de compassion. Tu m’as ouvert les yeux sur une vision générale qu’on nous a inculquée : quand est maman on ne pleure pas.
Je me rends compte qu’il y a beaucoup d’images et de textes disponibles qui véhiculent le message que lorsqu’on est maman on ne pleure pas. C’est censé être signe de force. Je ne suis pas totalement d’accord avec cette vision. Pleurer c’est humain, et ça fait du bien. On pleure de chagrin, de douleur, de colère, de fatigue, mais aussi de joie et de bonheur. Pleurer libère les émotions. Parfois on pleure parce que les mots ne suffisent pas. Pleurer c’est comme un cri du cœur. On est d’accord il n’y a rien de sexy quand on pleure, rien à voir avec les acteurs dans les films, ils savent faire ça bien eux.
Pourquoi c’est important
Après en avoir discuté, j’en conclus qu’il n’y a rien de mal à pleurer devant ses enfants. Je ne vous dis pas de pleurer devant eux tous les 4 matins, mais de ne pas toujours chercher à vous cacher. Si tu pleures devant ton enfant, explique lui pourquoi. Prends le temps de lui faire comprendre que ça arrive que maman (ou papa) pleure. Les enfants comprennent beaucoup plus qu’on ne le pense. Si vous considérez le fait de pleurer comme quelque chose d’anormal, de honteux, c’est aussi ce que vos enfants vont penser. Hors c’est l’occasion d’expliquer à vos enfants pourquoi une personne pleure, de verbaliser les émotions, de leur faire comprendre que les adultes aussi ont des limites. Même si vous ne pleurez pas devant eux, les enfants sentent quand vous n’allez pas bien. Alors autant mieux en parler ?
J’ai déjà vu ma mère pleurer mais je ne me suis jamais dit qu’elle était faible. Ma mère c’est la femme la plus forte, courageuse et ambitieuse que je connaisse. Alors quand je la vois pleurer, mon cœur souffre. Il en va de même pour mes tantes. Ce sont toutes des battantes, des femmes qui ont la niaque comme dirait l’autre. Et quand je les vois pleurer, leur force prend encore plus de sens pour moi.
Mon petit conseil
Le but n’est pas comme je vous l’ai dit, de pleurer à répétition devant les enfants. Ça peut vous arriver inopinément, mais pour éviter que ça se passe trop souvent : prenez soin de vous ! Ménagez-vous, prenez du repos, entourez-vous et faites des activités qui n’ont aucun lien avec la maternité.
Il faut rassurer et sécuriser nos enfants, être les parents sur qui ils peuvent compter et s’appuyer. Mais c’est aussi important de leur faire comprendre que les émotions sont normales. Les refouler c’est ouvrir la porte à des sentiments plus intenses et qui peuvent avoir de plus importantes conséquences. Alors oui, une maman pleure, car c’est une personne à part entière, et ça lui fait du bien.
Pour aller plus loin, je vous invite à lire ces deux articles :