Deux traits sur le test… Ça y est, je suis enceinte
Je me rappelle m’être assise dans ma salle de bain et m’être demandée ce que j’allais faire. Qu’allais-je bien pouvoir faire à 19 ans, enceinte et sans diplôme ? Comment j’allais annoncer à ma famille restée en Afrique que je suis enceinte sans être mariée ? Autant de questions qui se bousculaient dans ma tête et qui à ce moment-là n’avaient pour réponse que mon cœur qui battait la chamade.
L’annonce de ma grossesse
Au moins, une chose était sûre, cet enfant je le garderai à peu importe le prix. Alors j’ai pris mon courage à deux mains et je l’ai annoncé au papa. Au début il était troublé parce que ça ne faisait pas partie de ses plans. Il était étudiant et il aspirait à autre chose que changer des couches à ce stade de sa vie. Malgré ça, il a pris ses responsabilités et a été là.
Je l’ai ensuite annoncé à mon père et au reste de ma famille. Les choses ont été beaucoup plus compliquées. J’étais la honte de la famille, je gâchais tout ce qu’on avait pu espérer pour moi. Moi si brillante et qui avait un avenir si prometteur. Je suis issue d’un couple mixte franco-africain de l’ouest, mon père est un musulman très pratiquant qui du coup a vu cette grossesse comme la pire chose qui pouvait arriver.
Avant mon accouchement, nos familles respectives (au père du bébé et moi) se sont rencontrées. Les démarches ont été faites pour qu’on se marie traditionnellement. Nous étions ensemble depuis quelques années déjà et le mariage était ce que nous voulions à terme. L’arrivée du bébé a quelque peu accéléré les choses et a surtout permis de faire rentrer les choses dans l’ordre dans la famille.
Enceinte : des études au travail
Lorsque j’ai appris ma grossesse, j’étais en première année de droit et c’était déjà la fin de l’année universitaire. j’ai donc décidé d’arrêter momentanément mes études qui finalement ne me plaisaient pas tant que ça et de travailler pour pouvoir avoir de quoi élever cet enfant.
Mon début de grossesse a été très difficile, pendant 3 mois je vomissais toute la journée et je ne pouvais rien avaler. J’ai perdu 9 kilos. Je continuais à aller travailler. Je m’arrêtais régulièrement pour vomir et parfois ça m’arrivait de le faire dans la poubelle entre deux clients. J’ai tenu bon pendant 7 mois et puis un jour après un énième malaise j’ai compris qu’il fallait que j’arrête, que 5 heures d’affilées, debout, ce n’était ni bon pour moi ni pour mon enfant. Les mois restants, le papa et moi avons attendus notre bébé avec impatience. Nous comptions fébrilement les semaines qu’il nous restait à attendre avant de la voir, car oui, nous allions avoir une fille.
Ma mère me manque
Ma maman étant décédée quelques années auparavant, j’ai vécu le début de ma grossesse seule et sans personne avec qui parler de cet être qui grandissait en moi. Bien sûr le papa était présent mais c’est un homme, il ne pouvait pas répondre à certaines de mes interrogations.
Attendre une fille c’était à la fois magique et douloureux pour moi. Elle n’était pas encore née que je sentais déjà qu’un lien particulier nous unissait. La situation dans laquelle j’étais rendait l’absence de ma mère encore plus douloureuse et pesante. Puis elle est née… Je me rappelle avoir pleuré à chaudes larmes lorsqu’elle est sortie de moi et de m’être sentie remplie d’amour pour elle. Je me suis dite que désormais ma vie avait un sens.
Les premiers temps en tant que maman ont été difficiles. Je ne savais pas quoi faire, je me sentais nulle. Devenir responsable d’un bébé, d’une vie, me tétanisait. Je me rappelle que la maman d’une amie très proche m’a prise dans ses bras à la maternité, presque comme une mère. Elle m’a dit qu’il fallait que je me fasse confiance et que je suive mon instinct de jeune maman mais de maman quand même. Ça m’a fait un bien fou.
La maternité m’a transformé
J’ai appris que non je n’étais pas parfaite et que oui je ferai toujours des erreurs. Mais j’aime ma fille plus que tout au monde et chaque chose que je ferai désormais sera pour son bien. Pour construire son construire son avenir.
Je ne dis pas que c’est facile loin de là. Élever un enfant c’est difficile. Mais la maternité est magique ! Voir son enfant évoluer, nous sourire, dire “maman”. Ça n’a pas de prix et ça vaut bien tous les sacrifices du monde.
Aujourd’hui j’ai repris des études, une formation en alternance. J’ai été major de ma classe et je suis tellement fière de ce que j’ai pu accomplir. Au début de ma grossesse, tout le monde me disait que je faisais une grosse erreur en gardant cet enfant. On me voyait devenir une assistée, une femme sans avenir. Je suis contente aujourd’hui de pouvoir montrer à ces personnes qu’elles se sont trompées. Au contraire, un enfant n’est pas un boulet mais une force.
En ce qui concerne mon couple, nous sommes plus forts et plus matures. Nous avons eu un moment de flottement pendant quelques mois après la naissance de notre fille. On ne se rendait pas bien compte de l’ampleur des choses mais depuis ça va beaucoup mieux. On prend les choses plus sérieusement et on construit ensemble sur le long terme. Nous sommes plus complices
Garder ma fille a été la meilleure décision de ma vie ! J’aime ma vie telle qu’elle est. Avec ses réveils à 4h du matin, les comptines, les chagrins à consoler mais surtout avec des tonnes de bisous, de câlins et de sourire.
Mon petit conseil
A toi, la jeune fille qui te retrouve peut-être enceinte ou maman. Tu n’avais peut être prévu d’avoir un bébé maintenant, tu ne sais peut être pas comment t’y prendre. Tu te demandes comment tu vas t’en sortir. Mon conseil pour toi est de beaucoup prier. Accroche toi à la foi, à Dieu. Même si tu as l’impression de n’avoir personne, accroches toi ! Prends ton courage à deux mains et bats-toi car le jeu en vaut vraiment la chandelle.
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