Avoir un enfant avec un homme (ou une femme) qui ne partage pas notre vie à son lot de complications. Pour les parents et pour les enfants. Notamment quand les parents ne s’entendent plus, n’arrivent plus à se parler, à se mettre d’accord. En 2016 je me suis retrouvée dans ce cas de figure et j’ai dû faire un choix qui n’a pas été bien accueilli et qui m’a été reproché. J’ai eu recours au juge pour établir légalement nos droits et devoirs en tant que parents.
Pourquoi j’ai saisi le juge des affaires familiales
Avec le père de mes enfants, les relations ont souvent été compliquées. Certaines décisions se sont imposées à moi, des décisions qui ont et vont avoir une incidence sur ma vie en tant que parent; mais surtout sur la vie de Gabrielle. Je n’ai jamais trop parlé de ma relation avec son père ici car ce n’était pas nécessaire et ce n’est pas le but de l’article. Simplement, du fait de notre relation un peu compliquée selon les périodes, il s’est avéré important d’élever Gabrielle au-dessus de tout ça. Il n’était pas question que chacun dans son coin, décide de ce qu’il a le droit de faire, aux dépens de l’autre. Nous sommes tous les deux ses parents et l’un ne l’est pas plus que l’autre.
De la médiation familiale au juge
A la naissance de Gabrielle, ma relation avec son père était déjà très compliquée, on avait déjà beaucoup de mal à se mettre d’accord. Il voulait certains droits vis-à-vis d’elle et de mon côté j’estimais qu’il ne remplissait pas ses devoirs de père. Je me suis alors renseignée sur les possibilités que j’avais pour établir légalement nos droits et devoirs. L’un comme l’autre devions trouver notre place, mais surtout Gabrielle devait être protégée et mise à l’écart d’une quelconque mésentente entre nous.
Je me suis d’abord tournée vers la médiation familiale sur le conseil d’une assistance sociale. J’ai eu un entretien, au cours duquel j’ai pu expliquer les attentes du père de Gabrielle, mes appréhensions et ce que je souhaitais mettre en place pour notre fille. Le médiateur m’a encouragé à saisir le juge des affaires familiales. C’était la solution la plus adaptée à notre situation.
La médiation familiale aide les personnes en conflit à restaurer la communication et à construire des solutions en prenant en compte les besoins de chacun. [En savoir plus]
J’ai eu droit à des regards inquiets et des exclamations plus gênantes les unes que les autres. Je me suis moi-même remise en question : est-ce que je suis une mauvaise personne ? Est-ce que ça ne va pas trop loin ? Quel est le but réel de ma démarche ?
S’accorder dans la sérénité
Le rôle d’un juge est de préserver les intérêts de l’enfant en établissant des règles et des limites que les parents doivent respecter. C’est une tierce personne qui va départager les parents sans prendre parti. Sans discrimination. Lorsque le juge rend une décision, cette dernière n’intervient que si et seulement si les parents n’arrivent pas à se mettre d’accord. Ce qui signifie que le jugement n’est pas obligé d’entrer en vigueur. Les parents peuvent, s’ils le souhaitent, mettre en place un fonctionnement plus flexible qui leur convient mieux.
Il vaut mieux entreprendre cette démarche quand les deux parents sont en bons termes. C’est l’intérêt de l’enfant qui est mis en avant. Je ne vous apprends pas qu’il est bien plus difficile de trouver un terrain d’entente dans le conflit. Nous sommes des êtres humains, nous avons tendance à rechercher notre propre intérêt. L’orgueil, la colère et la rancœur entrent en jeu… Autant établir un mode de fonctionnement avec bienveillance. En mettant l’enfant au premier plan et en prenant en compte l’avis de l’autre. Prenez le temps de discuter et de vous accorder. Il arrive que malgré notre bonne volonté et les efforts pour que tout se passe pour le mieux; la situation dégénère et nous échappe.
Il faut garder en tête que le but de cette démarche est de protéger les intérêts de l’enfant. Non d’entrer en guerre avec l’autre parent ou de le priver de ses droits.
Sur quoi peut statuer le juge ?
- l’autorité parentale,
- la résidence permanente de l’enfant,
- les droits de visite et d’hébergement,
- le montant de la pension alimentaire…
Si vous êtes en mesure de vous entendre sans faire intervenir le jugement prononcé, faites-le.
Aux yeux de beaucoup, faire cette démarche est le signe que les choses vont mal. Effectivement les parents y ont recours en dernière solution, quand ils n’arrivent plus à se mettre d’accord. Ce qui étaient notre cas. Comment trouver une solution dans le respect des trois parties ? Nombreux sont les parents qui se trouvent dos au mur, à subir chantages et manque de respect. L’enfant se retrouve au milieu sans n’avoir rien demandé. Comme une monnaie d’échange, avec chaque parent qui prétend agir pour son stricte bien. Je ne fais ici aucune distinction entre le père et la mère. Le conflit peut venir des deux côtés.
Nous avons fonctionné sans prendre en compte ce qui avait été décidé par le juge depuis que le jugement a été prononcé (2017). Est-ce que je ferais de nouveau la démarche pour Liom ? Certainement. Mon but n’est pas (et n’a jamais été) d’être en conflit. Contrairement à ce qui peut être dit puisqu’il s’agit d’aller dans un tribunal, mais j’estime que la démarche est nécessaire. Alors même si ce n’est pas un choix compris par d’autres (y compris le papa), c’est un choix que je ne regrette pas d’avoir fait et que bien sûr j’encourage à faire. Du moins, il faut se poser les bonnes questions à ce sujet.
6 Commentaires
Article très intéressant et bien structuré qui demande beaucoup de réflexion et suscite un énorme questionnement pour le bien être de nos enfants et de nous même parents. Merci
C’est toujours un immense plaisir d’être encouragée par ses proches. Merci d’avoir pris le temps de me donner ton avis. Love <3
Je pense qu’il n’y a aucune honte à avoir saisie le juge. Il y a rien d’égoïste. Tu as mis ta fille en sécurité.
Tu as passé outre fierté, ego et j’en passe pour protéger ton enfant, il n’y a pas de quoi avoir honte ou culpabiliser puisque tu le fais pour une bonne chose. C’est triste d’être jugé pour des choix qui n’appartiennent qu’à toi et au père. Je ne sais pas l’âge du papa à l’époque, mais je pense que malgré son désaccord ça a aidé à prendre son rôle un peu plus profondément. J’espère tout de même que ça s’apaisera pour toi, en tant que femme ça n’est pas aussi simple d’avoir des complications avec le père de ses enfants surtout si sentiments se mélange à tout ça
J’aurais aimé que les choses soient comme tu le dis en ce qui concerne la maturité du papa. Mais je dirais qu’aujourd’hui j’ai enfin fait la paix avec tout ça et que j’avance en faisant les choix qui s’imposent pour le bien de mes enfants mais aussi le mien. C’est ce qui importe le plus. Le jugement des uns et des autres il y en aura, mais je prie Dieu que cela ne m’empêche pas de faire ce qu’il faut quand il le faut. Des bisous à toi
Je te tire mon chapeau pour ton sens du discernement. Merci d’avoir cet esprit ouvert et merci de protéger tes enfants. Cela n’a pas du etre évident mais je pense que c’est une très bonne décision que ta fille comprendra plutard. Je suis une maman aujourd’hui et j’aurais fait la meme chose si j’étais dans ce cas. J’aurais aussi aimer que ma mère en face autant pour moi quand elle était dans cette situation. Cela m’aurait eviter beaucoup de blessures et de séquelles que j’essaie toujours de guerir aujourd’hui. Merci pour ton courage et pour ce partage
Merci Vanessa pour ton commentaire si encourageant. Il fait vraiment chaud au cœur et me confortes dans l’idée que j’ai pris la bonne décision. Je te souhaite pleines de belles choses dans ton rôle de maman et surtout beaucoup de paix quant à ce que tu as pu vivre plus jeune. Je t’embrasse