“Seul Dieu peut me juger”
C’est ce qu’on répète aux autres et qu’on se répète parce que oui, on s’en fout du regard des autres. Chacun sa vie, chacun ses choix, chacun son histoire. Mais on sent comme un léger pincement au cœur et mine de rien ça nous affecte.
Puisqu’on est entre nous, je dois vous avouer que j’avais moi-même des préjugés en ce qui concerne les jeunes mamans. Ça m’est arrivé de juger des jeunes dans la rue avec une poussette ou un ventre tout rond. Ça me paraissait inconcevable d’allier vie de jeune fille et vie de maman.
Comment peut-on être maman alors qu’on est encore un enfant ?
Pendant ma grossesse j’ai pris conscience de la réalité d’être une jeune fille enceinte (puis une jeune maman); et j’ai ressenti ce qu’elles peuvent ressentir lorsqu’un regard accusateur se pose sur elles. C’est tellement facile de porter un jugement et ça nous paraît normal; mais ce n’est que lorsqu’on se retrouve dans une situation similaire qu’on prend le temps de comprendre l’autre et se rassurer comme on peut.
Le regard de mes proches
J’ai beaucoup appréhendé le regard de ma mère. Pas parce qu’elle allait me juger, mais parce que j’allais la décevoir. Ne pas pouvoir compter sur elle et savoir à quel point elle pouvait être déçue de moi était le pire à endurer. Elle n’était pas la seule à être déçue, les autres membres de ma famille l’étaient aussi, ils avaient envisagé pour moi de longues années d’études, un travail stable, une maison un chien une piscine et un mariage heureux. Ce n’est qu’après que venaient les enfants et c’était le dernier projet sur la liste. [Mais nous le savons, les choses ne se passent pas toujours comme prévu.]
C’est ma famille, je les aime, je les considère, pourtant je ne trouvais pas légitime qu’ils soient déçus. Après tout c’est ma vie, je ne suis pas déçue moi quand ils font des “erreurs”. En ce qui concerne mes amis, j’avais tout aussi peur. J’avais même honte. Alors qu’ils continuaient leurs études, partaient à l’étranger, réalisaient des projets, moi j’avais l’impression d’avoir raté ma vie, d’être à part. J’étais devenue un peu parano, je pensais qu’à chaque fois que je n’étais pas là, ils se réunissaient pour se dire combien ils étaient choqués et déçus de ce qui m’arrivait.
La réalité
Au lycée (j’étais en 2ème année de BTS) tout comme dans la rue, il m’arrivait de surprendre un regard accusateur par ci par là; mais en général les gens étaient plutôt curieux. C’est ainsi que je l’ai ressenti du moins.
La vérité c’est qu’à aucun moment mes amies (je parle ici de vraies amies) ne m’ont jugé. Bien sûr qu’elles étaient surprises et même choquées, mais du début à la fin et encore aujourd’hui elles me soutiennent. Pendant quelques mois avec ma mère c’était très difficile, mais une fois qu’elle a accepté ma situation, elle a été mon plus grand soutien. Notre relation s’est même améliorée et je pense que cette situation nous a permis de passer un cap. Je reste sa fille mais elle ne me voit plus comme une enfant mais comme quelqu’un de responsable qui prend ses responsabilités.
Mon petit conseil
C’est facile de s’indigner face à une situation mais il faut se faire violence et se rappeler que nous ne sommes à l’abri de rien. Comment souhaitez-vous que les gens autour de vous réagissent si vous vous retrouvez dans une situation particulière ? Quelles sont les paroles que vous aimeriez entendre ? “Aime ton prochain comme toi même” , “traite autrui de la façon dont tu souhaiterais qu’il te traite”. Alors avant de donner un avis ou de s’indigner, posez-vous la question “et si c’était moi ?”.
Toi qui te retrouves aujourd’hui dans une situation comparable, sache que tu n’es pas un cas à part. Tu as le droit d’être touchée par ce que les gens disent et pensent de toi, mais ça ne doit pas t’empêcher de vivre ta vie. Parce ces choix tu seras la seule à les assumer. Relève la tête, affronte les préjugés et les regards accusateurs, tu vaux mieux que ça, prends confiance!