Ma vie a commencé à sa naissance

Je m’appelle Priscille, j’ai 25 ans et je suis maman et meilleure amie de Louana (bientôt 8 ans). Pour éviter les calculs et pour ceux qui son nuls en maths comme moi, la naissance de ma fille a eu lieu quand j’avais 16 ans.

Je réalise qu’a chaque fois que je raconte ma vie de mère je dis toujours cette phrase. J’ai pris cette habitude la car j’ai remarqué que quand je disais mon âge et celui de ma fille je voyais sur le visage des mes interlocuteurs qu’ils étaient entrain de faire un calcul mental pour savoir mon âge au moment de la naissance de ma fille. C’est donc un gain de temps pour tout le monde de donner la réponse directement. 

Mon histoire

J’ai fait un dénie de grossesse ! Pour faire court, j’ai su que j’étais enceinte alors que j’avais déjà entamé le 6ème mois. Et ouais !! Quel choc !! Je regrette juste de ne pas l’avoir découvert plus tôt et ne pas avoir vécu pleinement ma grossesse (les 9 mois). Évidement cette découverte fût une surprise pour tout le monde autour de moi. Mes proches étaient autant choqués que déçus …

Pour couronné le tout, j’étais dans une situation instable. Avec ma belle-mère et mes petits frères, nous étions à la rue. Mon père lui, était au pays (Cameroun). Pendant les trois mois du reste de ma grossesse, je me suis retrouvée à dormir à gauche et à droite chez des gens. Mais mine de rien, je n’ai pas lâché l’école.

Après une période de gestation équivalente à celle d’une vache, c’est-à- dire 9 mois et 7 jours, j’ai accouché. Quand j’y pense, j’aurai facilement pu atteindre 10 mois car madame ne voulait pas montrer le bout de son nez. Les médecins ont dû provoquer l’accouchement. Pour sa défense, elle est née en hiver ! Une période de naissance difficile quand même.

Après sa naissance

Mon accouchement s’est bien déroulé malgré une épisiotomie ⁽¹⁾.

À la sortie de l’hôpital je me suis retrouvée dans un centre Fédasil ⁽²⁾ puis dans une maison maternelle ⁽³⁾. Après avoir quittée la maison maternelle j’ai continué mon petit bout de chemin tranquillement. En réalité ça été tout, sauf tranquille. En effet il y a eu des hauts et des bas mais malgré tout je n’ai rien lâché. J’ai poursuivie mes études et aujourd’hui j’ai la fierté de pouvoir dire que je suis diplômée (je suis assistante sociale). Prochaine étape : le travail.

C’est vraiment une immense fierté de voir où j’en suis aujourd’hui. Quand mon entourage a su que j’étais enceinte, j’ai eu droit à des propos du genre :

• «tu as gâché ta vie»,
• «tu vas devoir arrêter l’école et comme tu n’auras pas de diplôme, tu seras amenée à faire un travail de moins que rien»,
• «arrête l’école et va postuler comme femme d’ouvrage»,
• j’en passe et des meilleures.

À tout ces gens là j’ai juste envie de dire :

All I do is win no matter what! Et un enfant illumine une vie, ça ne la gâche pas.

 

Ma fille ma bataille

Je pense que Dieu fait bien les choses. Sans la naissance de ma fille je ne pense pas que j’en serais à ce stade aujourd’hui. Rien ne me prédestinait à faire des études et avoir une vie plus ou moins stable. Je me rappelle encore ce 17 décembre 2009 à 14h01, lorsque j’ai eu le plaisir de prendre dans mes bras ma fille. A cet instant précis je me suis jurée de tout faire pour qu’elle devienne une femme forte et indépendante en lui apportant tout ce dont elle aura besoin.

Petit messages aux jeunes mères qui sont actuellement dans une situation difficile. Croyez en vous et avancez selon vos convictions. Sachez juste que tôt ou tard vous verrez le bout du tunnel. Tout cela n’est qu’une étape à franchir et cette mauvaise passe contribuera à faire de vous la femme que vous devez être ♥.

 

Avec toute mon affection et ma compassion, Priscille. ❤

« Be strong ands stay strong »

(1) Épisiotomie : incision de quelques centimètres pour faciliter le passage du bébé lors de l’accouchement

(2) Centre Fedasil : centre pour Jeune Mineurs Étrangers non accompagnés sur le territoire (sans parent légal)

(3) Maison maternelle : établissement d’accueil mère-enfant

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