Je m’appelle Sabine, je suis d’origine camerounaise et je suis maman d’un grand garçon. Il y a 19 ans, j’ai vécu un accouchement qui m’a traumatisé. Raison pour laquelle je veux sensibiliser les futures mères et les mères sur le sujet. Tu pourras retrouver mon témoignage en vidéo en cliquant ici.
Mon fils, si tu lis ce témoignage, saches que :
Tu n’es pas la cause de ce que j’ai traversé ! Tu as toujours été une partie de moi, la partie la plus importante et je ne peux pas vivre sans toi. Mon fils tu es ma raison de vivre; Je t’ai aimé, je t’aime et je t’aimerai toujours. Reste toi-même, avec ta sensibilité. Tu le tiens de ta mère. Je t’aime
Ma grossesse
Quand je suis tombée enceinté j’avais 21ans, j’étais contente mais j’avais aussi très peur. Je vivais toujours chez mes parents, j’étais lycéenne et dans ses conditions je n’étais pas censée ramenée un homme à la maison et encore moins un bébé. C’est commun de dire que la grossesse n’est pas une maladie mais dans mon cas j’ai été malade pendant plusieurs mois et c’était vraiment difficile. Au 3ème trimestre de grossesse j’ai eu des risques de fausses couches mais les médecins n’ont pas su me dire à quoi c’était dû. Les recommandations étaient du repos exclusif et garder les pieds en hauteur pour une meilleure circulation du sang. Au bout de 8 mois et 2 semaines j’ai commencé à avoir des douleurs, le travail avait commencé (selon ma maman).
Mon accouchement
Arrivée à l’hôpital et après un examen médical on me dit de rentrer chez moi car mon utérus était seulement dilaté d’1 centimètre. Il faut être dilatée de 10 centimètres pour accoucher par voie basse. J’ai refusé de rentrer car j’avais trop mal, on m’a donc installée dans une chambre. A 00h j’ai signalée à une infirmière que je saignais et elle m’a dit que c’était normal .. sans examen. Au petit matin je n’allais pas bien du tout, malgré que je supportais bien la douleur. J’ai de nouveau signaler à l’équipe soignante que je saignais toujours et que j’avais très mal. Au bout de quelques heures ils se sont décidés à me faire un examen et je n’étais dilatée qu’à 3 centimètres.
Malgré cela la sage-femme me dit que je ne peux plus descendre de la table d’accouchement. On voyait la tête du bébé qui poussait, il y avait du sang et la poche des eaux s’était rompue. Il fallait provoquer l’accouchement ! J’avais mal, je pleurais et je n’avais toujours pas eu de médicaments contre la douleur. A un moment je n’en pouvais plus et j’avais une très forte envie de pousser. Mais mon bébé risquait l’étouffement car le passage de mon bassin était trop étroit et il fallait l’agrandir. Avec des ciseaux, sans anesthésie .. La suite de l’accouchement s’est bien déroulé et j’ai donné naissance à un petit garçon en bonne santé. C’est après que la situation a dégénéré.
L’histoire ne fait que commencer
Quelques minutes après avoir accouchée, du sang a commencé à gicler, il y en avait vraiment beaucoup. La sage-femme a sorti le placenta mais ça n’a pas arrêté les saignements, elle m’a donc inséré une serviette de bain pour faire éponge. Les saignements étaient dû à une déchirure interne du col de l’utérus et je ne devais pas accoucher par voie basse. J’ai été emmenée au bloc opératoire, j’avais perdu beaucoup de sang. L’infirmière qui devait me préparer pour l’opération a commis l’impensable : elle a sorti mon utérus de mon vagin .. Le chirurgien a réagit aussitôt et a replacé mon utérus en place puis m’a recousu; l’opération s’est bien passée et je suis sortie de l’hôpital après 1 semaine.
De retour chez moi, j’avais très mal et surtout je trainais une odeur de pourrie .. Je suis retournée à l’hôpital et ils ont constaté qu’une compresse avait été oubliée en moi et qu’elle était en train de s’infecter. Comme si ça n’allait jamais s’arrêter. L’équipe soignante a retiré la compresse m’a soigné.
Mon post-accouchement
Tout ce qui s’est passé lors de mon accouchement et même les semaines qui ont suivi m’a traumatisé et m’a laissé un goût très amer. Physiquement j’ai mis presque 2ans à m’en remettre physiquement; mais depuis j’ai la santé fragile. En ce qui concerne mon activité sexuelle je n’en ai pas eu pendant environ 2 ans 1/2. C’était assez compliqué au début parce que j’avais beaucoup d’appréhension. Pendant l’acte mon corps était présent mais mon esprit était ailleurs.
Psychologiquement j’ai eu beaucoup de mal à en parler, je m’effondrais à chaque fois. Je n’ai pas eu de suivi psychologique après toute cette épreuve, on ne me l’a proposé et je n’y ai pas pensé quand je suis arrivée en France. Ma chance est d’avoir une famille aimante, présente et aux petits soins pour moi et pour mon bébé. D’ailleurs ma famille ne comprenait pas pourquoi je ne faisais pas de 2ème bébé. Je ne leur en ai pas vraiment expliqué pourquoi. J’avais bien envie de concevoir un autre enfant, mais j’avais peur, j’étais traumatisée ! Est-ce je regrette ? Non parce que je sais que regretter c’est me faire du mal.
Mon petit conseil
Parler de ce qu’on traverse ne veut pas dire être faible, garder le silence c’est prendre le risque de passer à côté de belles expériences. Pour celles qui vivent en Afrique, ne négligez pas votre famille, elle peut être d’un grand soutien si on lui demande la possibilité. Parler libère et permet d’avancer. Peut-être que si j’avais parlé je serais aujourd’hui maman de 2 enfants … Il ne faut pas avoir honte de demander de l’aide, de demander de l’aide psychologique. Se dévoiler et parler de ses moments de doutes et de faiblesses c’est faire preuve d’une grande force !
Pour regarder la vidéo de mon témoignage et à avoir d’autres détails croustillants c’est ici !